Dans son premier ouvrage, Benoît Bohy-Bunel, membre du collectif Agitations, propose une série d’articles ciblant certaines manifestations de la réification contemporaine, en particulier dans le domaine de l’industrie culturelle capitaliste.
Malgré la prolifération d’exemples liés à l’aliénation capitaliste moderne, le tout est unifié par un réseau conceptuel cohérent. Les propositions fondamentales de la Société du Spectacle de Guy Debord sont actualisées et concrétisées. En arrière-fond, deux références importantes de Debord sont mobilisées : la théorie marxienne du fétichisme de la marchandise, et la théorie lukacsienne de la réification (Histoire et conscience de classe).
Il ne s’agit pas de critiquer l’industrie culturelle du point de vue de la « culture », ou de « l’intelligence de l’esprit », mais de montrer bien plutôt qu’elle consolide et entretient des rapports d’exploitation et des systèmes d’oppression de façon quotidienne (racisme, patriarcat, validisme, etc.). L’essai n’est pas simplement « contre ». Il tente également d’imaginer des stratégies de luttes et de résistances pour faire face au monde de l’image autonomisée, en partant de l’existant. C’est précisément parce que des formes de vie demeurent non-identiques à ces structures spectaculaires asociales qu’il est encore possible d’inventer des voies émancipatrices.
La pratique du « détournement », la « situation », sont redéfinies de façon originale. Plus généralement, cette critique radicale du spectacle désigne fondamentalement une critique radicale de la valeur, du travail, de l’argent, et de la marchandise, vers leur abolition.
L’auteur présentera son ouvrage le Jeudi 25 avril au soir à la librairie Publico à Paris.
Sommaire de l’ouvrage
Chapitre 1 : Le spectacle comme distanciation
Le désir triangulaire et la publicité
Cinéma états-unien et mutilation du psychisme
La vedette
La prolétarisation de la « littérature » de masse
L’écologie spectaculaire, comme dissonance cognitive
Chapitre 2 : Le spectacle comme désolation souriante
Le comique totalitaire
La presse people, la misère en soi
Le football-spectacle, un prétexte pour un autre jeu
La télé-réalité, ou l’auto-dévoilement du principe spectaculaire
Facebook, ou la désolation connectée
Cynisme du « développement personnel » contemporain
Chapitre 3 : Propositions et perspectives
La critique radicale du travail face au spectacle
La critique antisémite et tronquée du « spectacle »
Le cinéma, c’est le monde qui s’auto- affecte
La sensibilité photographique
Entendre et voir
Percevoir comme Helen Keller
Stratégie pratique : la situation